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La France joue de ses charmes pour attirer les tournages

28/09/2022

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Vous êtes un citoyen responsable et consommez local. Vos fruits et légumes, vos vêtements, vos tranches de jambon, votre automobile sont « made in France ». Mais qu’en est-il des films que vous regardez ? 

Malgré la grande visibilité des films français, le secteur audiovisuel souffre lui aussi d’un manque de traçabilité et nombreuses sont les productions tricolores à se délocaliser.

Pour lutter contre cette fuite des tournages, la France a mis en place une « démarche offensive » qui, à en croire les derniers chiffres sera gagnante.  

Vous ne viendrez plus chez nous par hasard

De la même façon que de nombreuses marques délocalisent leurs activités à l’étranger, où l’herbe est plus verte et la main-d’œuvre moins chère, beaucoup de films français font les beaux jours des paysages et studios des pays voisins. Dernier exemple en date, et pas des moindres : Les Visiteurs 3, dont les plus de 20 millions de budget ont été dépensés en République Tchèque. « Je me désespère qu’un film comme Les Visiteurs 3 ait préféré tourner ailleurs …»,. Le choix peut étonner si l’on considère le propos strictement français du long-métrage, mais pas si l’on imagine le besoin  en décors et en figurants de scènes révolutionnaires reconstituées. Le coût de la main-d’œuvre praguoise est de 45% inférieur à celui des Français.

Comme Jacquouille, 74 % des films français au budget supérieur à dix millions d’euros font le choix de la délocalisation, une situation qui n’est pas sans conséquence sur l’emploi dans le secteur.

Pourtant, la France ne manque pas d’argument pour séduire les réalisateurs. Parmi les plus évidents figurent ses paysages ; la seule région Ile-de-France concentre pas moins de quatre sites classés au patrimoine de l’UNESCO. C’est donc par des arguments artistiques que le pays de Molière prétendait attirer et retenir les tournages. Ce n’était pas suffisant dans un contexte de concurrence déchaînée entre les territoires, où l’arme de séduction la plus efficace reste les dispositifs de baisse des coûts de production.

Des tournages en série

Cette vague de délocalisations n’a cependant pas conduit à un effondrement des recrutements dans l’audiovisuel, une bonne surprise imputable aux seules productions étrangères.

En effet, délaissée par ses propres productions, la France a accueilli à bras ouverts de gros projets américains tels que le dernier volet des Hunger Games en banlieue parisienne ou la série Rosemary’s Baby pour la chaîne CBS. Un paradoxe cocasse qui a permis de limiter les dégâts sur l’emploi (-0,3% chez les permanents, -0,8% chez les intermittents) et même de voir les contrats se stabiliser (+8% de CDI par rapport aux CDD).

 C’est cependant autour du petit écran que se concentrent aujourd’hui les enjeux. Conséquence de l’addiction du public et de l’arrivée tonitruante de nouveaux entrants comme Netflix, les séries font l’objet de toutes les convoitises. Si Paris est habituée à offrir son cadre aux plus grandes séries dans le cadre d’épisodes événementiels (NCIS, Castle, Gossip Girls, Les Sopranos ont tous eu leur épisode dans la capitale), la ville lumière souhaite désormais convaincre des productions de rester des saisons entières, d’intégrer totalement Paris à l’identité du projet. Enthousiasmé par cette idée.

L’animation française a la banane

La France ne peut-elle compter que sur la beauté de ses jardins versaillais et son iconique Tour Eiffel pour séduire ? Pas tout à fait. Depuis quelques années, c’est dans l’animation que le cinéma français puise son dynamisme. S’ils ne représentent que 10 % de la production nationale et 4 % des sorties en salles, les films d’animation sont un incroyable vecteur de diffusion du savoir-faire français puissent qu’ils pèsent pour un tiers dans les exportations audiovisuelles.

Depuis la surprise « Les Triplettes de Belleville », nominé aux Oscars en 2004, tous les yeux se tournent vers les animateurs français, dont les Américains vantent la poésie du propos et la subtilité du trait. En clair, il existe une indéniable « French touch », pour laquelle les studios américains sont prêts à sortir le porte-monnaie. Après Mac Guff racheté par Universal, c’est au tour des mastodontes DreamWorks et Disney de confier des projets à des studios français.

Aujourd’hui troisième puissance mondiale de l’animation derrière les Etats-Unis et le Japon (et première à l’échelle européenne, avec 40 % de la production), la France emploie 5 000 professionnels (dont 80 % d’intermittents), qu’elle va devoir se battre pour retenir.  En effet, les grands studios hollywoodiens attendent les jeunes diplômés français contrats dans les mains, leur offrant des salaires atteignant souvent 6000 € par mois, des hauteurs que les budgets des productions françaises interdisent d’espérer. Résultat : 10 % des diplômés des Gobelins (l’école de référence) travaillent aujourd’hui à l’étranger.

Chaque année, 500 nouveaux diplômés sortent des écoles françaises, qui doivent désormais faire face à un afflux de candidatures venues du monde entier. De quoi rendre urgent les aides au secteur qui devraient permettre à la France de garder ses talents, et donc d’inscrire ses performances actuelles sur le long-terme.

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