Notre cerveau attire toutes les attentions. Neurosciences, neuro-marketing, neuro-pédagogie, il est de toutes les déclinaisons, s’invitent dans toutes les disciplines et jusqu’au sein même de l’entreprise où se développe la notion de neuro-management.
L’étude de notre cerveau peut-elle nous donner les clefs de la performance ou du bien-être au travail ?
En finir avec les « neuromythes »
Ces dernières décennies ont permis à la science de connaître des avancées stupéfiantes, plus rapides en quelques années qu’au cours des millénaires qui ont précédé. Aujourd’hui, grâce à la technologie IRM, on sait comment et pourquoi le cerveau prend une décision plutôt qu’une autre, ce qui le freine ou le motive.
Les implications d’une telle révolution sont immenses, notamment dans les domaines du marketing, de la psychologie, de l’enseignement et des ressources humaines.
Ces avancées permettent également de mettre fin à bon nombre d’idées reçues.
- « Nous n’utilisons que 10 % de notre cerveau. » FAUX ! Le cerveau est toujours sollicité à plein régime, les différentes parties travaillant main dans la main. Impossible, par exemple, de prendre une décision sans faire intervenir une référence (la mémoire).
- « Nous sommes plus performants à 30 ans qu’à 50. » PAS VRAIMENT. Si les « jeunes cerveaux » sont effectivement plus rapides, les plus âgés ont développés des raccourcis neuronaux leur permettant de compenser. Tous deux parviennent donc au même résultat, mais en empruntant des chemins différents. Rappelons également pour les managers que le cerveau est malléable tout au long de la vie et qu’un senior est tout aussi capable que le jeune salarié de développer des compétences.
- « Les femmes sont plus douées pour faire plusieurs choses à la fois. » FAUX ! Le multitasking est un sport comme un autre : plus on s’entraîne, plus on y développe des compétences. De là à déduire que les femmes sont plus souvent soumises à ce type de situations… Reste que le cerveau déteste faire plusieurs choses à la fois et que de nombreuses études ont prouvé que le sentiment de productivité que nous ressentons en faisant plusieurs choses en même temps est tout à fait illusoire.
Notre cerveau réclame une tâche unique et claire pour pouvoir y dédier toutes ses capacités.
- « Les douleurs physique et psychiques sont très différentes. » En tout cas, le cerveau les perçoit de la même manière, dans la partie dorsale du cortex cingulaire antérieure. En d’autres termes, le rejet ou l’ostracisme au sein de l’entreprise entraîneront les mêmes réflexes primitifs de repli, de fuite… ou de réponse agressive !
Les questions managériales auxquelles le neuromanagement devra répondre : · Comment peut-on motiver les collaborateurs ? · Comment un message doit-il être exprimé pour être compris parfaitement et entièrement retenu ? · Comment organiser le temps et les conditions de travail afin de favoriser l’efficacité des collaborateurs ? · Comment traiter avec l’autre, supérieurs hiérarchiques comme subordonnés ? · Comment tirer profit du neuromanagement pour réduire les risques psycho-sociaux et, au-delà, développer le bien-être au travail ? |
Mémoire, enjeu pédagogique… et professionnel ?
Qu’il est réducteur de parler de « notre » mémoire ! Pour les neuroscientifiques, il s’agit même d’une aberration. La mémoire est multiple et plus ou moins consciente selon sa nature : épisodique, perceptive… Parmi elles, deux méritent notre attention :
- La procédurale, reine de nos savoir-faire, automatismes et compétences techniques. Elle est hautement sollicitée lors de notre journée de travail.
- L’émotionnelle. La plus primitive de toutes, puisqu’elle enregistre des souvenirs avant même l’acquisition de la parole et de la conscience qui va avec. Autrement dit, si nous n’avons pas de vision claire de notre petite enfance (car nous étions alors incapable de fixer sensations et situations avec des mots), nos émotions ont tout de même été conservées et expliquent que nous ne comprenions pas toujours le motif de nos propres réactions.
Les émotions règnent en maîtresses sur notre cerveau. Une fois enclenchées, il nous est incapable de prendre une décision. Par colère, vous pouvez poser votre démission ; par accès de joie, nous pouvons prendre des risques déraisonnables. Autrement dit, pour permettre au centre de décision (situé derrière le front) de faire correctement son travail, il convient tout d’abord d’éteindre les émotions envahissantes. Pour booster votre capacité de réflexion au travail, prenez donc le temps de faire des pauses, qui vous permettront d’endiguer stress et fatigue.
Les bases de la mémorisation :
· Limiter la quantité d’information à retenir à trois ou quatre grandes idées. Des études ont démontré qu’au-delà de cinq, le cerveau est tout simplement débordé.
· Concentrer les informations essentielles en début et fin de de présentation ou document. Notre vigilance est à son paroxysme au début et en conclusion d’une prise de parole.
Créer des connexions entre les nouvelles informations à retenir et des informations déjà connues. Parallélismes, comparaisons et autres « ça me fait penser à… » permettent de mieux digérer les nouveaux éléments.
Des tâches qui réclament toute votre attention
L’attention est la clef de notre compréhension et mémorisation. Le souci, c’est que notre environnement moderne nous sollicite de toutes parts : il y a toujours un mail à lire, une affiche à repérer, une publicité à désactiver, un portable qui sonne, une discussion passionnante chez nos voisins d’open-space… L’attention se morcelle et la surcharge cognitive guette. Des études récentes ont ainsi démontré que les cerveaux des générations biberonnées aux nouvelles technologies ont gagné en rapidité et automatismes, au détriment de la réflexion.
Pour focaliser son attention, il faut :
1. Le décider.
2. Résister aux appels du multitasking.
3. Se fixer des objectifs clairs. Le matin, il suffit de se fixer trois objectifs à remplir dans la journée et s’y tenir.
4. Réguler le stress et les émotions, notamment en s’octroyant des temps de pause et de relaxation.
5. Pratiquer la « méta-attention ». Posez-vous de temps en temps la question de savoir si vous êtes concentrés. Le simple fait de s’interroger recentrera votre focus.
Qui sait si, demain, la neuroscience ne sera pas également capable de déterminer nos domaines de compétence ainsi que le métier le plus à même de nous rendre heureux.